Compagnon du tour de France : comment intégrer les compagnonnages et se former à un métier d'art

Compagnon du tour de France : comment intégrer les compagnonnages et se former à un métier d’art

Le compagnonnage : bien plus qu’une formation, un art de vivre

Il est des parcours qui ne rentrent pas tout à fait dans les cases d’un bulletin scolaire classique. Des chemins où l’apprentissage passe par les mains, le cœur, et une transmission séculaire. Le compagnonnage, c’est un peu ça : un croisement entre savoir-faire ancestral et aventure humaine. On y apprend un métier d’art, certes, mais aussi une certaine vision du monde, où l’excellence se forge à travers le geste, le voyage et l’humilité.

Dans cet article, je vous embarque à la découverte du Tour de France des Compagnons. Et si c’était là, votre prochaine étape ?

Mais au fait, c’est quoi exactement, le compagnonnage ?

Le compagnonnage, ce n’est pas un vieux mythe poussiéreux hérité du Moyen Âge (même si ses racines plongent effectivement dans les siècles passés). Aujourd’hui encore, il constitue l’un des réseaux de formation les plus réputés pour apprendre un métier manuel, un métier d’art ou d’artisanat.

Trois grandes organisations le structurent :

  • Les Compagnons du Devoir et du Tour de France (AOCDTF) – sans doute les plus connus, avec une forte implantation nationale et un champ large de métiers.
  • La Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment (FCMB) – qui met l’accent sur les métiers du bâtiment, du bois, du métal…
  • l’Union Compagnonnique – une structure un peu plus confidentielle, mais tout aussi ancrée dans les valeurs de transmission et d’excellence.

Le compagnonnage propose une véritable formation à la fois technique et humaine. On y apprend un métier donc, mais aussi l’engagement, la rigueur, la solidarité et la fierté de bien faire. Le tout, dans un cadre de vie collectif et une dynamique de mobilité : le Tour de France.

Le Tour de France, ou comment apprendre en bougeant

Non, vous ne serez pas sur une selle de vélo équipé d’un maillot jaune ! Ici, le Tour de France désigne ce parcours formateur qui vous fait changer de ville (et souvent de région) tous les 6 mois environ. L’idée ? Se former dans plusieurs entreprises, rencontrer de nouveaux formateurs, découvrir d’autres manières de travailler… Et enrichir sa palette d’expériences tout en forgeant son identité de compagnon.

Cette vie itinérante est souvent le cœur battant de la formation compagnonnique. Elle développe l’autonomie, l’adaptabilité et un esprit de fraternité solide – car chaque ville d’accueil est aussi un foyer, une maison de compagnons, qui vous accueille, vous héberge et vous accompagne.

Certains y voient une école buissonnière de la vie. À vrai dire, c’est une école de l’exigence, avec vue sur l’essentiel.

Quels métiers peut-on apprendre chez les Compagnons ?

On associe souvent les compagnonnages aux métiers du bâtiment… et c’est juste. Mais pas seulement ! Le spectre des métiers d’art présents dans ces circuits est bien plus large :

  • charpentier, tailleur de pierre, couvreur
  • ébéniste, menuisier, serrurier
  • boulanger, pâtissier, chocolatier (oui oui, les becs sucrés ont aussi leur place ! 🍫)
  • maréchal-ferrant, maroquinier, forgeron d’art
  • plombier-chauffagiste, électricien, carreleur-mosaïste

Ce sont des métiers manuels certes, mais ils engagent bien plus que deux mains : ils demandent de la créativité, de la précision, de l’endurance et la fameuse « intelligence du geste ». Et le compagnonnage leur redonne leurs lettres de noblesse.

Comment intégrer les compagnonnages ?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’y a pas de parcours « pré-défini » pour entrer chez les compagnons. Plusieurs cas de figure sont possibles :

  • Dès la sortie de la 3e : certains compagnonnages proposent des CAP ou Bac Pro en alternance. On apprend en entreprise et on vit dans la maison des compagnons.
  • Après un CAP ou un Bac Pro : ici, on devient apprentis compagnons, et la formation continue en alternance ou en contrat de professionnalisation. L’idéal pour approfondir son métier et entamer le Tour de France.
  • Avec un BTS ou un diplôme plus élevé : c’est possible, notamment pour ceux qui désirent croiser savoir académique et savoir-faire artisanal.

Concrètement, il faut postuler sur le site des différentes structures (par exemple les Compagnons du Devoir) et participer à une réunion d’information. Ensuite, on rencontre les responsables locaux, on échange sur ses motivations, son projet, ses expériences.

Plus qu’un CV, c’est l’envie d’apprendre, la capacité à s’intégrer dans un collectif, et l’ouverture d’esprit qui font toute la différence.

À quoi ressemble la vie dans une maison de compagnons ?

Imaginez une grande coloc – mais avec des règles, des valeurs communes et une entraide permanente. Les maisons de compagnons sont bien plus qu’un internat ou qu’un foyer : elles sont des lieux de vie, de transmission, de progrès personnel.

On y vit ensemble, on participe aux tâches collectives (de la cuisine au ménage), on échange sur son métier, on prépare ses projets professionnels ou son « chef-d’œuvre ». Car oui, chaque élève compagnon prépare une œuvre qui témoigne de sa progression technique… et personnelle. Un projet aussi beau qu’engagé, qui pour certains devient leur carte de visite dans le monde professionnel.

La vie dans une maison de compagnons demande un certain dépassement de soi : on apprend à vivre avec les autres, à respecter un rythme… et parfois à se lever à 5h du matin. Mais elle offre en retour un sentiment d’ancrage profond et une solidarité rare.

Une anecdote ? Allez, on ne va pas s’en priver !

Je me souviens d’un jeune ébéniste rencontré dans une maison de compagnons à Reims. Antoine, 22 ans, avait quitté son lycée pro sans trop savoir où aller, l’envie en berne. Un prof lui parle alors des Compagnons. Sur un coup de tête, il se rend à une porte ouverte… et là, coup de foudre : il découvre des ateliers vivants, des objets façonnés avec soin, un savoir-faire transmis dans des mots simples et enthousiastes. Deux mois plus tard, il s’installe à Reims. Quatre ans et trois villes plus tard, Antoine termine son Tour de France à Bordeaux. Il travaille désormais dans un atelier de mobilier sur mesure, et forme lui-même des jeunes.

Son regard ? Fièrement posé. Il est à sa place. Et ça, ça n’a pas de prix.

Pourquoi choisir les compagnonnages aujourd’hui ?

On pourrait penser que dans un monde digitalisé, où les métiers tech ont le vent en poupe, les vieux métiers manuels souffrent d’un manque de reconnaissance. C’est vrai pour certains… Mais les compagnonnages ont su prouver qu’excellence, tradition, innovation et insertion professionnelle peuvent totalement se conjuguer.

Ils offrent :

  • Des taux d’emploi impressionnants (plus de 96 % en moyenne)
  • Un bagage professionnel robuste, reconnu partout en France et à l’étranger
  • Un réseau solide d’artisans, de formateurs et d’anciens compagnons
  • Une fierté, une passion, un épanouissement parfois difficile à mesurer, mais bien réel

Et pour celles et ceux qui en doutent encore : beaucoup d’anciens compagnons deviennent chefs d’entreprise, enseignants, designers… ou même restaurateurs de patrimoine. Le compagnonnage n’enferme pas dans un rôle, il trace un socle solide pour s’élever.

Quelques conseils pour se lancer

  • Renseignez-vous tôt : des journées portes ouvertes sont organisées tout au long de l’année.
  • N’hésitez pas à contacter une maison de compagnons près de chez vous : ils sont très accessibles et toujours ravis d’échanger.
  • Si vous hésitez entre plusieurs métiers, testez-les ! Certains lieux proposent des stages courts de découverte avant de s’engager.
  • Préparez-vous à vivre une belle aventure humaine : c’est exigeant, mais intensément formateur.

Alors, que vous soyez en pleine réflexion après un Bac Pro, un BTS technique ou que vous sentiez tout simplement l’appel du bois, de la pierre ou du pain chaud… Le compagnonnage pourrait bien être la clé d’un parcours à la fois concret, inspirant et éminemment humain.

Et entre nous, quoi de plus beau que d’apprendre en avançant ?

Back To Top