Dinandier metier : apprentissage, instruments utilisés et insertion dans les métiers d’art

Dinandier metier : apprentissage, instruments utilisés et insertion dans les métiers d’art

À la découverte du métier de dinandier : quand le métal devient œuvre d’art

Imaginez une feuille de métal, inerte, froide. Et maintenant imaginez qu’entre les mains d’un artisan passionné, elle se transforme en un vase élégant, un lustre raffiné ou un objet liturgique digne des cathédrales gothiques. Ce magicien du cuivre, c’est le dinandier. Malgré son nom qui fleure bon les vieux métiers, le dinandier est loin d’être une figure du passé. Il est aujourd’hui un acteur précieux des métiers d’art, au croisement entre tradition et innovation.

Mais comment devient-on dinandier ? Quels outils utilise-t-on pour donner vie au métal ? Et surtout, quelles perspectives s’ouvrent à celles et ceux qui se lancent dans cette voie ? C’est ce que je vous propose d’explorer dans cet article, à la manière d’un parcours initiatique – marteau à la main, bien sûr.

Dinandier : un métier aux racines anciennes… et à l’avenir prometteur

Le terme « dinanderie » vient de la ville de Dinant en Belgique, haut lieu de production d’objets en cuivre martelé dès le Moyen Âge. Autant dire que le métier ne date pas d’hier. Pourtant, loin d’être figé dans le passé, le dinandier d’aujourd’hui est à la fois artisan, designer et parfois même un peu alchimiste.

Sa mission ? Travailler des métaux non ferreux – principalement le cuivre, le laiton ou le bronze – pour en faire des objets décoratifs ou fonctionnels. Contrairement au ferronnier qui assemble des pièces, le dinandier façonne la matière à partir d’un seul morceau, à froid ou à chaud, par martelage.

Résultat : chaque pièce est unique, empreinte du geste humain. On est ici dans le registre de l’art, mais un art façonné avec précision, patience et technicité.

Quel parcours pour devenir dinandier ? Formation et apprentissage

Si vous pensez qu’il suffit d’être bon bricoleur pour se lancer, détrompez-vous. Devenir dinandier, c’est un vrai parcours de formation, souvent en alternance, qui marie savoir-faire traditionnel, dessin technique et culture artistique.

Voici les principales voies d’accès :

  • CAP Arts du métal option dinandier : un diplôme de base, accessible après la 3e, qui initie aux gestes fondamentaux : tracer, découper, marteler, emboutir…
  • BMA (Brevet des Métiers d’Art) : spécialité « travail du métal » ou « orfèvrerie », sur deux ans après un CAP pour approfondir la technique et développer une approche plus créative.
  • DN MADE (Diplôme National des Métiers d’Art et du Design) : pour pousser plus loin la réflexion artistique, le design et s’ouvrir à d’autres matériaux.
  • Formations courtes ou stages en ateliers professionnels : parfois proposés par des maîtres artisans ou des structures comme les Compagnons du Devoir.

Le maître mot ? L’apprentissage par la pratique. Ce métier s’enseigne avec les doigts autant qu’avec les yeux. L’immersion en atelier est essentielle pour progresser, apprendre à écouter le métal et à respecter ses caprices.

Les outils du dinandier : entre tradition et précision

Armez-vous de patience… et d’un bon marteau ! Le dinandier travaille avec une panoplie d’outils dignes d’un orfèvre. Voici les indispensables :

  • Marteaux à emboutir : pour frapper la tôle sur les tas ou les formes en bois.
  • Tas, bigornes, enclumes : supports de formes variées sur lesquels on façonne les pièces.
  • Cisaille, grignoteuse : pour découper les plaques de métal.
  • Chalumeau : pour recuire le métal (le chauffer afin de le rendre plus malléable).
  • Brunissoirs, rifloirs, limes : des outils de finition pour polir les pièces et ajouter des détails de surface.

Rien de très high-tech à première vue, mais tout réside dans la main de l’artisan et dans l’écoute de la matière. C’est un peu comme un instrument de musique : ce n’est pas la guitare qui fait le musicien, mais le lien subtil qu’il tisse avec elle.

À quoi ressemble le quotidien d’un dinandier ?

Contrairement à une idée reçue, le dinandier ne passe pas ses journées enfermé dans un atelier poussiéreux, loin de la lumière du monde. Beaucoup de dinandiers travaillent sur commande, pour des designers, des décorateurs, des maisons de luxe ou même pour le patrimoine religieux. D’autres créent leurs propres collections et exposent dans des salons d’artisanat d’art ou des galeries.

À titre d’exemple, Sophie – une ancienne étudiante passée par un CAP puis un BMA – partage aujourd’hui son temps entre la restauration d’objets anciens pour les musées et la création de luminaires contemporains en cuivre martelé. Elle explique souvent que son métier lui donne « l’impression d’écrire un poème avec du métal ». Plutôt pas mal comme promesse de carrière, non ?

Et après ? Insertion et débouchés

On ne va pas se mentir : devenir dinandier, ce n’est pas (encore !) comme décrocher son BTS comptabilité pour postuler chez les Big Four. Mais le secteur offre de vraies opportunités pour celles et ceux qui s’y engagent avec passion et rigueur.

Voici quelques pistes de débouchés concrets :

  • Création artisanale : en tant qu’indépendant, avec un atelier ouvert au public ou en ligne via des plateformes comme Etsy ou Instagram.
  • Collaboration avec des architectes ou designers d’intérieur : pour la fabrication de pièces sur mesure.
  • Intégration dans un atelier d’art ou une maison de luxe : (orfèvrerie, haute décoration, maisons patrimoniales).
  • Restauration de pièces anciennes : notamment pour le compte de musées ou de Monuments Historiques.

Et côté reconnaissance ? Ce métier fait partie des Métiers d’Art reconnus officiellement par le Ministère de la Culture. À ce titre, les dinandiers peuvent bénéficier de subventions, de labellisations (comme « Artisan d’Art » ou « Maître Artisan ») et parfois même de résidences à l’étranger pour développer leurs savoir-faire.

Pourquoi choisir la dinanderie en 2024 ?

C’est vrai, dans notre ère ultra-numérisée, choisir un métier artisanal comme la dinanderie peut sembler à contre-courant. Mais justement, c’est ce qui en fait toute la valeur.

C’est une profession qui cultive la lenteur dans un monde pressé. Qui honore la précision face à la production de masse. Qui donne un sens au geste. Et pour des jeunes en quête de sens, d’authenticité ou d’indépendance, c’est un chemin plus qu’envisageable, et profondément valorisant.

D’ailleurs, les nouvelles générations redonnent un élan au métier : elles mêlent artisanat traditionnel et design contemporain, ouvrent leurs ateliers sur les réseaux et participent à des concours comme ceux organisés par les Journées Européennes des Métiers d’Art ou la fondation de la Banque Populaire. Le tout en valorisant des matériaux durables et en promouvant des circuits courts. Et ça, c’est tout sauf anecdotique.

Comment commencer si le métier vous attire ?

Si cet article a éveillé votre curiosité – ou même titillé votre âme d’artiste –, voici quelques pistes pour explorer davantage :

  • Contactez des ateliers d’artisans près de chez vous pour discuter avec un dinandier en activité et éventuellement effectuer un stage d’observation.
  • Participez à des portes ouvertes dans les écoles offrant un CAP ou un BMA liés au métal.
  • Assistez aux Journées du Patrimoine ou aux Journées Européennes des Métiers d’Art, pour voir des démonstrations en direct.
  • Explorez les formations proposées sur des plateformes comme le site des CMA (Chambres de Métiers et de l’Artisanat).

Et pourquoi pas, un jour, créer votre propre atelier, faire résonner le son du marteau sur votre enclume, et voir le regard émerveillé des visiteurs devant une pièce née de vos mains ?

Après tout, ce n’est pas qu’un métier. C’est une rencontre entre la matière et l’âme, entre l’histoire et l’avenir. Et si vous en faisiez partie ?

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