Le cirier : artisan de la lumière et gardien d’un savoir-faire rare
Dans un monde où l’automatisation gagne du terrain, certains métiers résistent aux algorithmes par la beauté du geste et la chaleur du contact humain. Parmi eux, le métier de cirier – cet artisan qui façonne des bougies avec autant de précision que de passion – intrigue, séduit, et suscite des vocations, y compris parmi ceux en quête de reconversion. Mais comment devient-on cirier aujourd’hui ? Est-ce une lubie romantique ou un vrai projet formateur et viable ? Attachez votre tablier, on plonge dans la cire fondue !
Un métier entre tradition et modernité
Imaginez un atelier aux parfums envoûtants de miel, de fleurs séchées, de résine et de cire chaude. Le cirier, parfois encore appelé chandellier dans la tradition, y mélange pigments, huiles essentielles et cire naturelle pour créer des bougies simples ou sculptées, utilitaires ou décoratives.
Mais ne vous y trompez pas : si le métier évoque des images médiévales, il trouve aujourd’hui une place très actuelle. Entre la demande croissante pour des produits artisanaux, écologiques et esthétiques, et la mode du slow living, les bougies artisanales s’invitent dans nos intérieurs autant que dans les boutiques spécialisées.
C’est donc un savoir-faire ancestral, mais qui n’a jamais été aussi dans l’air du temps. Et c’est bien ce qui en fait un domaine passionnant à explorer, notamment pour ceux qui envisagent de se former ou de se reconvertir.
Comment devient-on cirier ?
Il n’existe pas (encore) de Bac Pro “Artisan Cirier” à proprement parler — quoique, qui sait ce que les prochaines réformes de l’Éducation nationale nous réservent ! Toutefois, plusieurs chemins mènent à ce métier, et ils sont parfois étonnamment accessibles.
Formations et parcours d’apprentissage
Le métier de cirier se transmet souvent de manière artisanale, en atelier ou via des formations spécifiques. Voici quelques options pour se former :
- Stages ou formations courtes en atelier : Certaines maisons artisanales ou associations proposent des stages intensifs de quelques jours à quelques semaines. Ces formations permettent d’apprendre les techniques de base — types de cire (abeille, soja, colza), coloration, mèche, moulage — à travers une approche très concrète.
- CAP métiers d’art : Il est possible de s’orienter vers un CAP Art du décor et du design ou un CAP métiers de la mode ou de l’artisanat, puis de se spécialiser au fil des expériences. Cela fournit une base solide en techniques artistiques. Même si le métier de cirier n’y est pas défini spécifiquement, ces formations ouvrent une voie vers l’artisanat d’art.
- Modules proposés par les Chambres des Métiers : Certaines CMA (Chambres de Métiers et de l’Artisanat) proposent des formations à la création d’entreprise artisanale avec des options « travail de la cire » ou “fabrication de bougies”.
- Autoformation et apprentissage auprès d’artisans : De nombreux ciriers acceptent aujourd’hui des apprentis, voire des stagiaires en reconversion professionnelle. Il n’est pas rare d’apprendre le métier sur le tas, dans une logique de compagnonnage moderne, à travers des échanges humains autant que techniques.
En réalité, devenir cirier, c’est un peu comme allumer une mèche : il faut de la patience, de l’attention et la bonne dose de chaleur. C’est un apprentissage autant sensoriel que pratique, où chaque parfum, chaque texture, chaque geste compte.
La reconversion vers le métier de cirier : une voie lumineuse
Sur Le Portail de la Formation, on le voit chaque jour : de plus en plus de personnes cherchent à redonner du sens à leur vie professionnelle. Après une carrière dans la communication, une gestion de projet épuisée par les deadlines, ou un poste en finance au goût de trop-facturé, beaucoup ressentent l’appel du concret.
Le cirier, dans ce contexte, devient un artisan-poète, un alchimiste du quotidien qui joue avec les éléments naturels pour (re)créer de la douceur. Nombreux sont ceux qui, entre 35 et 50 ans, choisissent de se reconvertir dans ce métier.
Un exemple marquant ? Camille, ancienne responsable marketing dans une start-up parisienne, a tout plaqué pour ouvrir son propre atelier de bougies végétales à Lyon. En moins de deux ans, elle a lancé une collection de bougies biodégradables et parfumées à base d’huiles essentielles, distribuées dans des concept-stores éthiques. Son secret ? Une formation de quatre mois dans un atelier à l’ancienne, une bonne dose de passion… et une capacité à allier création et rigueur marketing.
Compétences à maîtriser et qualités requises
Le métier de cirier ne nécessite pas un doctorat en chimie, mais il exige une vraie maîtrise technique et une sensibilité esthétique. En voici quelques-unes :
- Connaissance des cires : abeille, soja, colza, paraffine – chacune a ses propriétés, ses points de fusion, ses rendus. Savoir les doser, les fondre, les mélanger est un art en soi.
- Précision du geste : De la température de fonte à la juste longueur de la mèche, tout est affaire de détail.
- Créativité : Développer sa propre gamme, imaginer des bougies thématiques ou sculptées, jouer avec les parfums et les couleurs.
- Patience et sens de l’observation : Comme dans toute discipline artisanale, la régularité et l’affûtage du regard font la différence entre une bougie amateure et une pièce d’exception.
- Sens de l’entrepreneuriat : Être artisan aujourd’hui, c’est aussi savoir gérer un site, créer une marque, fixer ses prix, parler à ses clients.
Sorties professionnelles et débouchés
Contrairement à une idée reçue, le cirier ne travaille pas uniquement pour une poignée de marchés de Noël ou pour des boutiques ésotériques à forte ambiance patchouli. Le champ des possibles est vaste :
- Création de sa propre marque de bougies artisanales
- Travail en collaboration avec des décorateurs, des hôtels ou spas haut de gamme
- Fournisseur pour des évènements culturels ou religieux
- Vente sur les plateformes en ligne spécialisées dans l’artisanat
- Formation d’apprentis et animation d’ateliers créatifs
À l’instar des céramistes ou des souffleurs de verre, les ciriers peuvent devenir des références dans leur domaine. Certains sont aujourd’hui exposés dans des salons d’artisanat d’art ou récompensés par des labels de qualité.
Un savoir-faire riche de sens
Dans une époque où la formation est souvent vécue comme un parcours ultra balisé, le métier de cirier rappelle à quel point les chemins de traverse peuvent mener loin. Que ce soit après un Bac Pro métiers de l’artisanat, ou bien par une reconversion post-licence ou post-burn-out, la fabrication de bougies rassemble ceux qui veulent redonner de la lumière à leurs ambitions personnelles.
Loin d’être un hobby passéiste, c’est un projet formateur qui conjugue technique, raffinement et engagement écologique. Et surtout, c’est un métier de cœur : celui de prendre le temps, d’observer et de faire jaillir la flamme… dans tous les sens du terme.
Alors, prêt.e à réchauffer votre avenir dans l’univers feutré de la cire et des mèches ?
